samedi 14 juillet 2012

NORMAN

"Angel came down from heaven yesterday,
She stayed with me just long enough to rescue me..."
Jimi Hendrix - "Angel"

Je pensais avoir compris bien des choses et donné bien des raisons à l'inévitable. Des proches de sang et de coeur parfois quittent notre champ de vision pour de bon du jour au lendemain, j'en ai tellement vu partir déjà.

Je discutais encore avec toi ce Samedi soir de mars, à la terrasse du Bivi. Comme d'habitude je refaisais surface dans Cannes après quelques temps passés sur la route, et comme d'habitude le plaisir de se revoir, de blaguer, de discuter de choses simples, de toi ou de moi, était là. Ce plaisir évident, lumineux, inébranlable depuis qu'on se connaissait. 
Affairé comme un gosse mais tellement dans ton élément, je te voyais évoluer au milieu des clients, avec toujours cette attention individuelle que tu savais donner à chacun. J'ai rarement vu quelqu'un être si sincèrement et spontanément amical avec les autres. Tu sentais venir les cons, mais une personne entière avait toujours droit au Norman entier.
Quel est ce foutu proverbe déjà ? "Ce sont toujours les meilleurs qui s'en vont"... 

Tu avais tout pour toi mon ami, jeunesse, charisme, intelligence, humour et j'en passe. Je ne vais pas non plus te conforter par trop de qualificatifs. Si beaucoup d'autres abusent de ces caractères et en deviennent malsains, toi tu prenais la vie et ce qu'elle a de bon avec justesse. Avec ce poil d'arrogance aussi, si facile à pardonner tellement tu ouvrais grand les vannes de l'amitié, la vraie. Ce mélange attisait ma tendresse, et rien ne semblait plus évident que d'être amis.
Ta fougue t'a emporté ce lundi soir de Mars 2012, au guidon de cette Ducati flambante. Je ne la blâme pas car rien ni personne n'aurait pu changer ton histoire, elle s'est écrite entre tes mains. Mais parfois l'histoire n'est pas celle qui devrait être contée, et quelque soit la raison de ton destin elle fait remonter en moi un gout amer d'injustice.
Je suis tellement peiné pour toi, pour ton frère, tes parents, tes amis. La peine est humaine tu sais, et ils en ont, comme moi, elle est si présente. Elle est l'oreiller sur lequel les vivants reposent leur tête lorsqu'ils s'abandonnent au souvenir des morts. Un abandon douceâtre et confortable, mais trop profond pour ne pas risquer d'y perdre la raison. Alors chacun d'entre eux, car ils n'ont pas le choix, doit trouver son sens à ton départ et se relever pour que tu te relève. Cela ne comblera pas le vide immense laissé par ton absence, mais donnera la force de compenser la tristesse. Ce sera leur force pour rester entier. C'est ce trésor que tu leur laisse, ils devront le trouver en eux et c'est comme cela que tu te survivra, mon jeune ami.

Pour ma part je philosophe comme à mon habitude, je me barricade derrière mon cynisme salvateur et ma distance protectrice. Bien sûr je me suis injecté de ce bon vieux vaccin contre la mort que m'avait laissé mon ami Jérôme lors de son départ, lui qui avait eu aussi la fâcheuse idée de foutre le camp sans prévenir. Mais pour être franc je crois que la formule était un peu éventée, car je me suis senti perdu comme ce jour d'avril 1997 lorsqu'il est parti. A nouveau mon sang s'est glacé en apprenant que le temps ne comptait plus pour toi, en ce matin du 27 mars dernier. Je me suis senti seul, perdu et sans armes contre ce sort qui t'enlevait la vie et me jetait par terre une fois de plus. 
Et une fois de plus je n'ai pas compris, comme je n'avais pas compris pour Jérôme, et j'ai eu peur de ne pas pouvoir accepter de perdre encore un meilleur. Je ne peux aujourd'hui que me poser à nouveaux la question du temps qui passe, du sens des choses, de ce qui était et qui n'est plus. Encore une fois, une fois de plus...

Ton rire idiot et indomptable resonnera pour toujours à mes oreilles, et la chaleur de ta profonde amitié continuera à me réchauffer le coeur. Tu es parti en équilibre, sur une ligne de vie ensoleillée, par passion, par plaisir, sans vieillir. Moi je combat aujourd'hui ma tristesse avec ce magnifique souvenir de toi. Tu étais un ami, tu es devenu une légende. Et plus rien ne changera ce pouvoir bienfaisant que tu as sur ma mémoire et sur le monde qui t'a connu. 
Tu sera Norman pour toujours mon petit frère, et tu aura 25 ans pour l'éternité. 
Reposes en paix, à un de ces jours...


2 commentaires:

  1. La mort est une souffrance à endurer pour les vivants, mais une délivrance pour ceux qui passent de l'autre côté, ton ami entend tes pensées et pour toujours il sèchera les larmes de ton coeur. Ne sois pas triste, ces évènements sont là pour que tu vois la vie d'un autre oeil, pour que tu saches que l'on fait parti d'un tout, et que le corps n'est qu'une enveloppe provisoire. Hâte de te lire, loup..

    RépondreSupprimer
  2. La faucheuse, je la deteste je la haï, elle me prend toutes les personnes que j'aime et là en lisant ton post j'ai la gorge qui se serre et sa me fait mal Alors le jour ou elle viendra me chercher je passerais un mauvais quart dheure mais elle aussi je pense !! La vie est trop courte et s'est pour ça que je fais tout ce que jai envie et personne ne m'arrete Alors Olivier a chaque fois que tu fais un pas , que tu as mal dit toi que tu le fais pour ton ami Norman, pour ta famille pour les gens que tu aimes et aussi pour toi !! Ne renonce jamais !! Je te souhaite bon courage et je pense qu'on se recroiseras en Conv . Karine

    RépondreSupprimer