vendredi 6 juillet 2012

JOUR 20 : Durfort Lacapelette - Auvillar

35km - T. de marche : 8h15


"Life will flash before my eyes,
So scattered and lost,
I want to touch the other side..."
Muse - "Map of the problematique"



"COINCIDENCES"
Auvillar. En voyant ce petit nom de village sur la route de Compostelle je n'avais pas spontanément fait le rapprochement, mais j'y ai passé quelques heures, voir quelques jours, il y a bien longtemps. En prenant la route ce matin un peu avant Durfort je savais vouloir atteindre ce village, son souvenir était bien là. Mais les sentiments liés à ce souvenir semblaient gelés, comme si je les avais rangés dans un coin obscur, sous une pile d'autres choses depuis longtemps. 
Or j'y ai passé un des meilleurs moments de ma vie d'adolescent, avec Jérôme dont j'ai parlé plus haut et son frère Gérald (je penses à toi mon ami). Nous étions partis en vacances tous les trois dans une voiture bancale chargée du stricte minimum, en direction du camping de Valence d'Agen à 4 km d'Auvillar. 
Mais le minimum est aussi l'essentiel quand on part en vadrouille : quelques fringues, de quoi faire une pseudo-cuisine, un poste pour la musique, 80 grammes de spécialité "made in 93" et une bonne valise d'inconscience. De quoi se faire de bonnes petites vacances à l'ombre de la centrale nucléaire de Golfech... 
Ces vacances inoubliables étaient en Juillet il y a pile 23 ans. 23 ans, l'âge que j'avais lorsque Jérôme est passé sous ce train 8 ans plus tard. Et là, avec tout le temps nécessaire sur le chemin aujourd'hui pour analyser cette information, les données rendues parallèles par ce chiffre me sautent aux yeux. Une coincidence ? 


"Neverending", canal de Golfech - Photo Olivier - GoPro2

Elles nous font toujours sourire, mais en réalité nous faisons semblant d'aimer les coincidences. Notre sentiment face à elles est souvent un mélange d'admiration et de méfiance. Comme une "voie pénétrable du Seigneur", un fait du destin, enfin quelque chose de palpable nous arrive par lequel on se dit que ce n'est pas le hasard. Elles sont pour les uns l'expression du destin, pour les autres d'un pouvoir divin, d'autres encore plus pragmatiques ne les voient même pas. Tout est question de perspective, mais souvent nous cherchons toujours une explications aux choses, principalement parce que l'on a peur de ce qu'on ne peut pas expliquer. Et les coincidences semblent répondre à un programme bien établi duquel nous n'aurions jamais été informé. Alors nous cherchons à leur donner un sens, une raison pour que deux évènements, par des voies diverses, se croisent de la manière la plus inattendue et imprévisible possible. Si elles sont le fruit du hasard, son gout est parfois vert et acide, parfois mur à point, mais parfois pourri. Et selon le gout de ce fruit, nous attribuons sa cause à la chance, la poisse, Dieu, le voisin, nous-même...


Mon chiffre d'aujourd'hui est le 23, c'est ma coincidence. Moi seul peut la voir, mais elle existe bien. Ce n'est pas un clin d'oeil de Dieu ni le calcul mathématique d'un grand ordre universel. J'y vois juste avec plaisir une lumière de mon imagination, quelque chose qui me dit que mes souvenir discutent avec mes sentiments pour continuer à me faire voir du pays et me pousser en avant. Je me sens au bon endroit, au bon moment...


"Dot bridge", Auvillar - Photo Olivier - GoPro2

Arriver à Auvillar fût ma plus longue étape à ce jours. 35km, d'une traite coupée d'une pause de 15mn pour engloutir un sandwich. Etrange étape, avec 15km le long du canal de Golfech, une bande de bitume incroyablement plate et monotone. Absolument seul tout du long, le temps semble s'être étiré à l'infini, et l'étape fut parfaite pour méditer l'ennui. 
Fait positif, depuis 4 jours les douleurs ont complètement disparu, et j'ai appris à marcher avec tact pour ne pas m'épuiser avant d'avoir abattu les kilomètres prévus. 
Alors les 35km sont passés assez facilement, sans avoir l'impression de forcer, juste du rythme. Ces distances semblent être la moyenne qui me convient le mieux, le rapport fatigue/satisfaction est idéal.
J'ai dépassé les 400km depuis Le Puy. J'en suis bien au delà de la moitié de la partie française, plus d'un quart de mon périple jusqu'à Santiago...


"Chrisme II", Abbatiale St Pierre, Moissac - Photo Olivier - GoPro2




4 commentaires:

  1. bravo pour la fin de ton "rodage" le début fut dur mais tu as trouvé ton rythme semble-t-il

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  2. Je ne sais pas si mon commentaire a été publié alors je pense à toi loup, bon courage pour la suite, très beaux textes merci pour ces réflexions profondes, à bientôt...

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  3. le 23 est aussi un chiffre significatif pour moi ...il revient tout le temps , comme un harcelement...bizzard...bisoux mon pote cool on peut te laisser des mess !!!! bon courage . Tu nous donne une lecon , du courage et l'envie de te rejoindre !

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  4. Le destin et ses coïncidences font toujours bien les choses !
    Pas de place pour le hasard, tu devais être dans ce village et ce moment précis, comme si une force invisible t'y avait poussé, la fatalité.
    Le chiffre récurrent dans ma vie est le 11 :) .

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