vendredi 29 juin 2012

JOUR 13 : Conques - Livinghac

23km - 7h de marche

"Tout corps vivant branché sur le secteur, 
Etant appelé à s'émouvoir..."
HF Thiefaine

"Tympan" Conques - Photo Olivier - GoPro2
"SUNSHINE"
Premier départ de nuit, ou plutot de tôt matin. 4h40, j'étouffe le réveil pour ne pas gêner le dortoir et me glisse avec mon sac hors de la grande chambre de l'Abbaye. A 5h je descend déjà les rues sombres et moyen-ageuses de Conques pour sentir le chemin de St Jacques sous l'emprise de la nuit. 
Le ton est donné, la sortie de la ville commence par un sentier abrupte aux rochers glissants d'humidité. 45mn d'une montée harrassante à jeun. Juste le temps d'arriver suant de la chaleur déjà bien palpable sur un plateau nu, pour être aux première loges du plus beau spectacle de la nature. Face à moi, sans aucun obstacle le soleil va faire son entrée pour la journée. 
Altitude 500 mètres, plateau sans végétation surplombant complètement la vallée encaissée de Conques, je sens devoir assister à quelques chose. Un moment que tout urbain ne prend même plus le temps de remarquer, tellement sa montre et son horizon cloisonné réduisent son champ de vision.

"Spaces" Cathédrale Ste Foy, Conques - GoPro2
Dans le halo de lumière ambiante pointe une tête d'épingle chauffée à blanc. Mes tripes se serrent alors que l'astre monte, semblant danser sur la colline en face puis quitter le sol pour son ascension quotidienne. En 10 minutes sa chaleur, alors que 6h n'ont pas encore sonné, rayonne instantanément sur ma peau, brûle ma rétine et sèche l'humidité matinale. Mais je garde les yeux ouverts comme si je buvais son feu sacré, trop rare dans un monde inondé de béton et de lumières froides. Je prends l'énergie primordiale délivrée sans conditions par la gigantesque centrale nucléaire spatiale, comme une batterie sur secteur. Et les angoisses de la nuit quittent le pont pour la journée... 
Comment peut on oublier d'assister chaque jours à cet évènement exceptionnel ?


Je marche sur ce haut plateau seul. Cela fait maintenant 12 jours que j'accumule les kilomètres, et mon esprit alterne reflexion, vide, pensées idiotes et endormissements hypnotiques. Le rythme des pas est redondant, tous les jours, chaque minute le même automatisme moteur. Les douleurs sont devenues habituelles, avec une vague tendance au recul. J'ai décidé d'arrêter les anti-inflammatoires depuis 2 jours afin de ne pas les masquer, au risque d'aggraver l'état de mes tendons. J'avoue encore une grosse faiblesse au genoux droit, alors que mon achille droit semble se remettre du relief chaotique des premières étapes. 

Je me rend clairement compte aussi que mon sac est trop lourd. Je serais à Figeac demain, je vais encore l'allèger pour me contenter d'un plus stricte minimum. 
Ce qui semblerait surement abherrant pour les frais vacanciers autours de moi en ce moment. Car ce soir je fais pause dans un camping. Les emplacements se remplissent, les vacanciers préparent un repos bien mérité à coup de mini-chez moi, un vrai déménagement. Surtout ne pas changer les habitudes, être au camping oui, mais comme à la maison. Le concept m'échappe... 
Malgré tout l'étape est agréable et change des gîtes d'étapes. Mais décidément être en vacances avec le commun des mortels ne me manque pas, et ne me manquera jamais.

"Chapelle St Roch" - Selfpic - CanonG12

mercredi 27 juin 2012

JOUR 11 : Estaing - Le Soulié


20km - 7h de marche


Petite mise à jours. Parfois le temps d'écrire est incompatible avec ma fatigue et je ne trouve pas toujours le courage de faire courir mes doigts sur le clavier.


"Lost in Estaing" - Selfpic - GoPro2

Estaing. A part via Valery Giscard ce mot n'avait jamais franchi mes oreilles, et encore moins s'agissant d'une ville. Mais il faut bien reconnaitre que la pierre de ses murs, de son chateau et de son église, nous plonge dans un moyen-age presque palpable et donne de la noblesse à cette petite bourgade perdue sur le Lot.

Eglise d'Estaing


J'ai quitté Espalion hier pour Estaing, encore un peu clopinant, après une journée de remise en état : dormir dans une chambre d'hotel, seul, prendre le temps de la laverie, aller au médecin, manger, dormir, encore manger, encore dormir... 
Un programme salvateur après la course des 10 premiers jours et la claque prise pour rejoindre Bonneval. 
Alors jambes réparées, rhume et bronchite éradiqués, j'ai donc repris la route rassuré sur la suite du voyage.




Halte ce soir au "Soulié", gite perdu dans la nature boisée entre Estaing et Conques, pour une nuit chaude et teintée de discussions spirituelles avec d'autres pèlerins et Michel le maitre des lieux. Encore merci à toi pour ton courage, ton accueil et ton esprit...
"Le Soulié" - sur le GR65 en route vers Conques après Campagnac



dimanche 24 juin 2012

JOUR 8 : Aubrac - Abbaye de Bonneval

27km - T. de marche : 8h30



"We scale the face of reason,
To find at least one sign, 
That could reveal the true dimension,
Of life..."
Dead Can Dance - "Anywhere out in the world"


"FAITH"
La voilà enfin. L'abbaye cistercienne de Bonneval apparait tout d'un coup sur le versant opposé de la colline abrupte et boisée sur laquelle je sue sang et eau depuis bientot 3 heures. Vision presque surréaliste après un tel déluge d'efforts et de doutes. Marchant à l'instinct sur la corniche forestière de la vallée de Bonneval,  je cumule les pas en automatique. Je  n'existe plus. Les minutes, les heures se mélangent, et je suis entre deux mondes alors que la fièvre monte, fruit d'une bronchite montante, des douleurs tendineuses, des efforts, du soleil, de la désorientation, des centaines de piqûres d'orties... 


"Out there", Abbaye de Bonneval - Photo Olivier - GoPro2

Je suis parti depuis plus de 8 heures de Aubrac ce matin, et je crois avoir enfin eu ce que je cherchais, un chemin seul et perdu. Un gout d'abandon, une parcelle de route "à l'ancienne". Entre le village d'Aubrac  et l'abbaye, il n'y a rien sur 27km. Du tout. Quelques fermes, un café d'un autre temps à  Condom d'Aubrac, j'ai croisé en tout et pour tout 4 personnes dans la journée. 
Tout le reste ne fut que sentiers invisibles légués à l'abandon. Des chemins sur lesquels les sensations se relaient et se mélangent en permanence : perte, émerveillement, excitation, désespoir. Une fenêtre sur ce qu'on du ressentir des milliers de pèlerins durant 10 siècles, en des temps moins lumineux, en poussant leurs pas sur des terres inconnues. 
Seuls avec leur foi ou leur volonté pour guide.


"Wood & stones" - Photo Olivier - GoPro2

Enfin un minuscule panneau indique un improbable sentier vers l'Hospitalité Bonneval. Je n'y croyais plus. La tête bourdonnante je me jette dans l'à-pic rocheux et glissant. Mes jambes ne me retiennent plus et je n'évite même plus les branches, les ronces et le houx, pour sortir à la limite de la chute au pied de l'abbaye, 100 mètres plus bas sur le versant opposé. Je suis transi, suant, sale, saignant, douloureux, fiévreux et épuisé, mais content.

L'abbaye de Bonneval est un cloitre de soeurs cisterciennes. L'ordre est voué à un ascetisme minuté et reclus, les soeurs cloitrées n'ayant aucun contact avec le monde exterieur. Aujourd'hui les chemins qui y mènent par la forêt ne sont plus fréquentés. Quelques paroissiens d'Espalion, la jolie ville "d'en bas", et des touristes attirés par le calme y montent par la route. L'abbaye est également un lieu de retraite périodique pour des croyants en quête de solitude. 
Les hôtes de Bonneval sont donc d'autant plus sensibles à ceux qui bravent leurs doutes et la forêt pour y trouver le gîte. L'accueil des pèlerin est une vocation, et je suis reçu aimablement par l'une d'entre elles qui me guide à travers l'imposant batiment. Jusqu'au couvent ou je vais passer une nuit houleuse de songes étranges dans ma petite chambre austère...

"Why don't you come inside?" - Photo Olivier - goPro2
"Chrisme" - Photo Olivier - Canon G12
Il n'y a pas lieu de vouloir toujours tout expliquer et rationnaliser. Parfois il faut laisser l'esprit savoir qu'il n'est pas toujours le seul maitre à bord, un peu comme on lache le guidon d'un vélo pour voir si on tient l'équilibre. Mais qu'il est bon ce frisson lorsqu'on troque le cartésien pour l'irrationnel. 
Croire que ce qu'on voit n'est pas matière inerte mais enveloppe habitée peut mener à toutes les formes de pensées spirituelles. Et même sans convictions religieuses arriver à Bonneval est au-delà des émotions habituelles, tant la nature du lieu est destinée à la croyance et à ceux qui la vivent. Alors je lache prise et m'ouvre à cette foi qui n'est pas mienne, avec un peu de méfiance tant elle semble être ici ancienne, coulée dans les murs, omniprésente. 

Je prends place pour les "vèpres" dans l'église de l'abbaye et j'attend, curieux de voir ce que le rituel cistercien peut bien faire pour mes plaies, physiques comme morales.  
C'est alors que l'air s'emplit d'une vibration, d'une "présence". Ce sont les soeurs. Elles chantent d'une seule voix des cantiques traditionnels, et leurs voix cristallines sous les coupoles de "la maison de dieu" sont d'une perfection... divine. Je ne suis même plus là, les voix m'emportent et je perd notion du temps, notion d'espace.
Si Dieu a quelque chose à voir avec la beauté, alors cet instant est une parfaite expression de sa lumière. Tant le lieu, les chants et la foi de mes hôtes reflètent ce qui ne semble exister que par le fruit d'une impalpable alchimie celeste. 

Transi, je sors au radar de l'église, mange une soupe avec les hospitalière et monte dans ma chambre pour sombrer dans un sommeil lourd et agité.
A mon réveil je ne suis pas guéri de mes plaies, mais je suis loin d'elles. Toujours malade, je me sens malgré tout étonnament en forme pour mon état, et je choisi de prendre une journée de repos à Espalion pour terminer cette "réparation" bien méritée. Je redescend en ville pour un retour à une vie plus terre à terre.

Cette étape, de part mon "épreuve" pour y arriver, mon état, l'étrange force du lieu et mon ressenti de cette nuit est la plus marquante depuis mon départ sur le chemin de St Jacques. 
A vrai dire un des moment les plus marquant depuis bien longtemps, salvateur et prometteur...

"Sunrise on his son" - Photo Olivier - Canon G12 







samedi 23 juin 2012

JOUR 7 : Nasbinal -Aubrac

9km - T. de marche : 2h30


Aubrac - Selfpic - GoPro2
Le proverbe dit " Pour aller loin ménages ta monture". La monture c'est moi, et pour aller loin il va falloir que je calme le jeu. Premièrement j'ai le temps, il ne me reste "que" un peu plus de 1400km à parcourir, je ne suis plus à 1km près. Deuxièmement, je suis ravi de mes douleurs. Elles montrent un côté de moi et de mon corps que je ne connaissais pas, parce que je ne l'avais pas expérimenté dans ces conditions. 
Des années de "body art" pour exorciser mes peurs de l'aiguille, une bonne pratique d'apnée pour l'introspection et l'expérience du souffle (et de l'absence de souffle), beaucoup de musculation avec ses exercices explosifs guidés, bref je pensais être en maitrise. 
Mais il manquait l'endurance, rude, quotidienne, avec une maison sur le dos, loin de chez soi, avec des variations de temps, de sommeil, d'alimentation, de relief. Il manquait ces milliers de kilomètres à parcourir géographiquement et interieurement. Ces distances pour découvrir les paysages inconnus du dedans et du dehors ou qu'on n'a pas pris le temps de regarder jusque là.



"Fenetre sur cour"
Tour des Anglais, Aubrac
Photo Olivier - GoPro2

Alors ce matin, tranquille. Encore un peu ensuqué du rhume/angine, je patiente en terrasse à Nasbinal qu'à 9h, pour que la Poste ouvre et je renvois chez moi 1.100kg de matériel inutile. C'est fou comme la différence est flagrante sur les épaules. Et me voilà parti, d'un pas lent et mesuré sur le pied droit pour ne pas titiller un tendon d'Achille capricieux depuis hier. 
Tout est question d'équilibre. Si le corps force l'esprit, la motivation manque. Quand l'esprit force le corps, la blessure guette. Je découvre en route un juste milieu entre tolérance physique et mentale, et finalement le chemin escarpé dans les monts d'Aubrac passe sur du velour. Je sens avec plaisir le corps travailler sans forcer. Je me concentre sur le relachement des zones douloureuse, sans trop compenser sur d'autres appuis. Et ça passe...






  

Je visais pour aujourd'hui une longue étape de 34km par une variante du chemin jusqu'à l'Abbaye de Bonneval, où je devais trouver gite et couvert chez des soeurs cisterciennes. Mais entre rhume et tendons, je choisi donc la modération avec mon corps. Alors pour ne pas nous fâcher je stoppe à Aubrac pour une après midi de coupure, à 9km du départ de ce matin. Soleil, cafés en terrasse et tongues aux pied, je souffle et remet les compteurs à zéro.
Ce n'est même pas un village, il y a 1 hotel, un restaurant, et le gite ancien dans une "Tour des Anglais". Surtout, reste l'église massive et démesurée pour l'endroit, vestiges du cloitres de moines qui siégait ici au moyen-age.
Le tour est donc vite fait.
Demain je repars, et cette fois sur un chemin bien moins emprunté par les marcheurs...  

"Massive church", Aubrac - Photo Olivier - GoPro2


vendredi 22 juin 2012

JEROME

"How, how I wish you were here,
We're just two lost souls swimming in a fishbowl,
Year after year..."
Pink Floyd - "Wish you were here"


"JEROME"

C'était un monde meilleur. Un monde de merveilles à la fois simples et excessivement subtiles que nous seuls pouvions voir. Notre monde à nous, dans lequel on ne vieillit pas, dans lequel le temps ne passe pas, où la mort n'existe pas. Toi et moi partagions ces émotions qui se passent même de paroles, par la magie des atomes et de l'amitié. Des minutes, des heures ensemble à sentir que chaque moment était le bon, que nous étions au bon endroit. 
Etant souvent en voyage il se passait parfois 6 mois, voire 1 an sans que nous ne nous croisions. Mais se retrouver pliait le temps et nous étions de nouveaux là, comme si quelques minutes  s'étaient écoulées, avec une sensation de familiarité inexplicable. 
Rien ne nous séparait. Pas une variation d'entente, pas de doute durant toute ces années, et des engueulades d'amis qui soudent plus qu'elles ne divisent. Tu étais mon meilleur ami, mais ce n'était pas de l'amitié. C'était au-delà. Une forme d'amour trop rare pour que j'en comprenne sa nature. Il n'y avait rien à comprendre, il était là, et il emplissait l'univers. Pour toujours.


Ce matin du 17 Avril 1997 la déchirures était presque audible à l'oreille, fatale, irrémédiable. Une fracture intérieure qui déchire l'air comme un tissu que l'on déchire sur toute sa longueur. Ce tissu était ma chair, et mon esprit a cessé de respirer. Tu es accidentellement passé sous ce train en cette fin d'après-midi du 16 Avril, un après-midi banal, où le monde ne tourne ni plus ni moins vite que d'habitude. 
Ta vie s'est arrêtée quelques minutes plus tard, la mienne a changé pour toujours le lendemain, lorsque ma mère m'a annoncé la nouvelle au réveil. Je me rappellerai à jamais ma main se figer, mon sang se glacer, mon esprit se vider et fermer ses portes pour tenter de trouver une parade à ce coup de canon. Pour abattre d'un coup d'épée cette réalité sans nuages devenue subitement une ennemie brutale. Puis en quelques minutes, le temps que cette phrase prenne son sens, mon monde, notre monde, a disparu à tout jamais. Je suis parti un peu avec toi, pour ne jamais revenir.


J'avais 23 ans à cette époque, ma première boutique Tribal Act venait d'ouvrir à Paris quelques jours plus tôt. Je crois que ton départ à ébranlé l'ensemble de ma vie. Ta mort à été un peu la mienne, et j'ai laché prise avec la réalité, mes responsabilité, mes amis, mes ennemis... 
Je n'étais pas prêt, nous étions trop jeune, trop fous et sans limites. Le temps n'avait pas d'emprise sur nous, et pourtant tu étais parti. Alors voilà que le grand compte à rebours vers ma propre mort venait d'être activé par la tienne. J'ai "perdu la foi" ce jour là, et toutes mes certitudes se sont effondrées.


Aujourd'hui je ne sais pas ce que tu aurais été, ce que nous aurions été si tu n'avais pas couru après ce train. Je n'ai pu que renconstruire lentement ma personne avec les années, avec cette frustrante sensation de vide. Et ce sentiment d'en vouloir à une vie qui nous avait vendu de la confiance. 
Je crois que ta mort à eu un impact considérable, elle a sombrement rayonné sur les personnes proches de nous. Ma mère est tombé malade pour toujours  à la même période,  et de bien étranges choses se sont passées ça et là. 
Moi je n'ai eu d'autre choix que de porter cette croix dont je ne voulais pas. Peut être m'est elle utile aujourd'hui. A vrai dire je pense qu'elle l'est surement, sinon tout cela aura été en vain. La suite de ma vie, de mes joies et de mes pertes, je les ai vécu avec ce message de ton départ, comme un vaccin contre la mort qui permet de monter un mur quand il le faut, d'ouvrir une porte quand je le sens...


Tu es parti à 25 ans mon vieil ami, il y a 15 ans cette année. Tu es encore avec moi constamment, à chaque instant. Aujourd'hui encore sur cette route, dans cet air que je respire, dans ce souvenir inoubliable. 
Merci, reposes en paix. Love. 


"Bleeding heart" - Photo Olivier - IPhone

JOUR 6 : Lasbros - Nasbinal

22km - T. de marche : 6h20mn 


"Karma Police, I've given all I can, it's not enough,
I've given all I can, but we're still on the payroll..."
Radiohead - "Karma Police"



"LE CRI DU CORPS"
Le changement des habitudes provoque une multitudes de déséquilibres physiques. A moins qu'il ne révèle simplement ceux qui étaient déjà là. Depuis mon départ tous les maux et faiblesses oubliés semblent se lier dans une cascade de cracs et de couacs.Entre muscles, tendons, réactions immunitaire et allergiques, je ne fais que subir d'une journée sur l'autre la mauvaise volonté de mon corps, qui semble avoir du mal à se mettre en route.
Je pensais m'être entrainé, or depuis le premier jours je reviens sur mes certitudes. Tu ne sais pas tout de toi-même Olivier, foncer tête baissée peut se finir dans un mur. Il serait dommage de devoir arrêter ici le voyage à cause d'une tendinite ou d'un claquage.


"Take a rest" - Selfpic - Canon G12


Les "anciens" du chemin de Compostelle disent souvent : la première semaine est la plus dure. En effet pour beaucoup de marcheurs c'est le temps nécessaire pour que le corps s'adapte à la route. Cette vérité est appuyée par un relief géographique particulièrement rude sur les deux longues premières étapes, avec des vallons escarpés raides à descendre et à monter. Avec le sac de 14kg sur le dos, chaque pas est une épreuve pour les muscles, les tendons, le cardio.


"Cows and more cows" - Photo Olivier - GoPro2 

Je n'échappes donc pas à la règle. Mardi c'est le tendon genoux droit. Pour compenser je prend un faux appui, et mercredi c'est l'orteil droit qui frôle le panari. Je tire donc sur la jambe gauche jeudi, avec pour résultat une raideur tendineuse et grosse courbature au mollet jambe gauche le soir même. Petit coup de froid de la veille égal rhume carabiné qui descend sur la gorge. Je pars donc ce vendredi matin avec : ongle pied droit en vrac, tendons genoux droit raide, mollet gauche prêt à claquer, gorge tapissée aux orties, oreilles dans le coton et mal de crâne niveau "mauvais alcool". Cerise sur le gateau, en arrivant sur Nasbinal je sens un coup d'aiguille lancinant dans l'attache du tendon d'achille au talon pied droit. C'est un coup monté cellulaire au bénéfice de la paresse, conte mon gré ! 


Alors il y a une nouvelle leçon à prendre : ne pas s'écouter, et continuer. Ou du moins ne pas tolérer les caprices du corps. Je me rappelle étant petit, me sentir tomber malade avec ces sensations de vulnérabilité et de désespoir irrationnel. Tout pouvait s'arrêter, les choses les plus passionnantes devaient attendre que le mal passe. Non, je ne suis pas là pour ça, alors comme un chiot qu'on éduque et qu'il ne faut pas braquer, je vais faire avancer mon corps malgré lui en le brossant dans le sens du poil.
Pour le moment je ne prévois pas de journée "off", mais je me garde cette option au cas où je doive laisser ce corps "respirer".


Je commence donc à penser à lever un peu le pied, au sens littéral comme figuré, pour l'étape du lendemain. Je me fixe une marche courte jusqu'au village d'Aubrac, à 9km d'ici. 
On ira doucement, mais on ira...


"Split stones" Plateau de l'Aubrac - Photo Olivier - GoPro2







jeudi 21 juin 2012

JOUR 5 : Le Rouget - Lasbros

23km - Temps de marche : 8h



"And you run and you run to catch up with the sun but it's sinking.
And racing around, to come up behind you again.
The sun is the same in a relative way but you're older.
Shorter of breath,and one day, closer to death."
Pink Floyd - "Time"


"Bird & Bells" St Alban - Photo Olivier - GoPro2

"RELATIVITE"
Les distances ont ça d'étrange, qu'au delà des kilomètres parcourus c'est la vision toute subjective qu'on en a qui défini leur importance. Tout est question de rythme et de prédispositions à un parcours.


En partant ce matin du gite agricole du Rouget je n'avais pas défini de distance précise me séparant de mon étape du soir, le village de Lasbros. Du moins je n'en avais pas conscience. Je savais simplement que je m'arrêtais un peu après Aumont-Aubrac, qui se trouve à 19km de là. 


"Moooo" - Photo Olivier - GoPro2
Jusque là tout allait bien, mais parce que "un peu après" se traduisait instictivement par "arrivée", je m'imaginais finir mon étape en passant les limites de la petite ville. Mais 4 km peuvent être long quand on pense n'en avoir à faire qu'un 10eme... et la route qui m'amène à Lasbros me semble alors interminable. 
"Fresh Tube" - Selfpic - GoPro2
Sous un soleil implacable elle délie sa langue de bitume noir et brulant à perte de vue. L'enfer est dans les derniers kilomètres, alors qu'on en a déjà 19 derrière soi, juste parce que notre esprit se croyait déjà arrivé. Dur alors de mettre un pied devant l'autre. 
L'optimisme est un bon compagnon, mais ne doit jamais faire passer son sujet pour argent comptant ! Arrivé à Lasbros 1 heure plus tard, je me promet de ne plus prendre le kilomètre à la légère.


Ma cadence de marche ralentie. Je pense sortir petit à petit du rythme de citadin qui me colle à la peau depuis des années, où tout doit aller plus vite que tout. Je me rend compte aujourd'hui que les 3 premiers jours je taillais les étapes comme on court un 100 mètres, avec cette irrationnelle sensation d'urgence typiquement urbaine dans la tête. 

Une course contre qui ? Personne, à part peut être moi-même. 
Et "moi-même" commence à ne plus rien en avoir à faire des minutes, les kilomètres ne se tricotent pas à coup de secondes. Alors les pas ralentissent et le rythme se prend à l'instinct. Ils s'échouent sur le sol comme des vagues sur le sable par une mer tranquille. 
Les minutes passent, les pas s'additionnent, les kilomètres suivent...










La relativité d'Einstein explique un phénomène étonnant :  plus un objet va vite, moins le temps a d'emprise sur lui. Certains photons primordiaux, ces particules de lumières, voyagent tellement vite qu'émis depuis 13 milliards d'années ils arrivent chez nous sans avoir pris 1 an. 
Je penses à ça en regardant mes pas s'aligner l'un devant l'autre, et je rend compte de cette théorie à mon échelle. Je viens de parcourir plus de 100km en 4 jours de marche. Il m'aurait fallut 40mn en voiture pour couvrir la même distance.
Le temps et l'espace sont effectivement bien relatifs. Nos vies en accéleré d'hommes modernes plient leurs courbes et transforment leur échelle. A tel point qu'on a l'impression de devoir aller toujours plus vite de peur qu'ils nous échappent. Comme c'est bon de les sentir à nouveau à ma portée, pas à pas...

"Stone Cross" - Photo Olivier - GoPro2

mercredi 20 juin 2012

JOUR 4 - Saugues - Le Rouget

27km - 7h

"I've seen fire, I've seen rain,
I've seen sunny days that I thought would never end..."
Blood, Sweat & Tears


"OXYGENE"
8h30 du matin. Au sortir de Saugues les nuages rivalisent de noirceur au dessus de moi, et quelques gouttes me conseillent de vite quitter le coin. Alors flanqué de mes 14 kilos de maison je prends la tangeante, pour une étape de 27km. Et pour la première fois depuis mon départ, je marche seul. Enfin je croise bien quelques autres marcheurs de temps à autres, mais la presque totalité du trajet sera faite en ma propre compagnie.
C'est la plus longue étape à ce jour, et j'ai eu le temps de réfléchir. 
Enfin, du temps...

Selfpic - GoPro2
"Frontier" - Photo Olivier - GoPro2 
C'est fou ce que l'on peut avoir de la conversation avec soi-même parfois. L'effort d'endurance à un effet particulier sur notre organisme, il stimule l'intellect. 

Attention, je ne dis pas que marcher des heures rend plus intelligent, si c'était le cas les marchands de chaussure de randos seraient les maitres du monde. Mais il y a un vrai déluge de pensées une fois lancé, c'est presque incontrôlable.


En s'activant pour la marche le coeur bat plus vite, le métabolisme s'accelère et la saturation d'oxygène dans le sang est à son paroxysme. Les cycles ventilatoires augmentent, et  le cerveau suralimenté en O² nous plonge dans une forme d'hyperactivité cérébrale en passant les 15 premières minutes de marche. 
Cet état proche de l'euphorie nous donne l'impression d'ouvrir des portes sur une foule de pensées qui se pressent en file indienne comme des touristes à l'entrée d'un bus. Un débordement de réflexions et d'analyses qui semble inépuisable. Cela peut durer quelques minutes ou des heures, selon l'état et le moment de la journée. 

C'est là qu'il faut attraper les idées au vol, car une fois ce climax cérébral passée, le corps focalise son attention sur l'économie d'énergie et sur le maintien de l'effort. Et parce que la pensée est consommatrice d'oxygène, l'esprit se vide.
"Boiling water - Selfpic - GoPro2
Les efforts explosifs courts ne laissent pas le temps d'entrer dans cet état, c'est probablement la physiologie propre à l'endurance qui provoque cette sensation maintes fois rapportée. Pour la marche, et Compostelle en particulier de part sa spiritualité, on parle de "route intérieure", d'un chemin au moins autant cérébral que physique. Il faut bien reconnaitre qu'on est tenté de laisser de côté le rationnel de la chose, tant l'imaginaire est stimulé. 
Et l'imaginaire, c'est justement ce qu'il manque au quotidien, alors laissons le s'exprimer. 

C'est lui qui guide mes doigts sur le clavier, exprimant ce qui passe les portes de mes souvenirs et de mes sensations au fil des kilomètres. Alors je commence à laisser couler l'encre de mes pensées, il y en aura tout au long du chemin en parallèle du journal de mes étapes. Il y en aura autant que nécessaire... 
"Bathing Dog" - Photo Olivier - GoPro2

mardi 19 juin 2012

JOUR 3 : St Privat d'Allier - Saugues


Mardi 19 Juin - 19km - 6h30
"I hurt myself today, to see if I still feel,
I focus on the pain, the only thing that's real..." 
Trent Reznor


St Privat d'Allier 8h30 - Photo Olivier - GoPro2



"DOULEUR"
Elle est bien là au réveil, cette douleur dans le genoux droit. La nuit n'a rien pu faire, et je devrais partir avec. Peut être est-ce là la première épreuve, marcher sur du verre durant 20km, dès le 2eme jour. S'il le faut... 

"Balise" - Canon G12
Et en effet, après quelques minutes d'un pas clopinant, je me retrouve en sortie de St Privat devant un paysage qui montre les dents. Une descente vertigineuse de 400 mètres sur un sentier rocheux, qui va donner un nouveau sens au mot douleur. Pourtant je la connais bien, cette vieille amie du tatouage et des rituels, cette donzelle chaleureuse qui vrille les nerfs et commande l'endorphine. 
Elle et moi avons eu de longue conversations déjà, mais là mon  language manque de vocabulaire. Je me tord comme un vers pour essayer de calmer les cris de ce genoux qui se dérobe sous moi à chaque pas. 
C'est mon bourdon auquel je me cramponne, le baton du pèlerin, qui me traine sur 15km dans les cassures de ce paysage magnifiquement irrégulier. 







"Touch me I'm sick" - GoPro2
La chair est bien faite. Après 4 heures de calvaire et une courte pause sous un arbre protecteur, à l'abri d'une légère pluie, je reprend la route et... la douleur s'efface, devient diaphane. M'offrant une vieille sensation de victoire sur les sens, elle devient docile, se fait à peine sentir, et je termine les 2 heures de trajet restantes dans une euphorie certaine. Le corps laisse tout ce qu'il peut pour continuer ce que la volonté exige, et voilà donc qu'un shoot d'endorphine vient me pousser hagard et satisfait jusqu'à l'entrée de Saugues...


Cette douleur est celle de la volonté. Du sportif dans l'effort, du tatoué sous l'aguille, du pénitent sous la croix, de ceux qui ont une victoire à prendre sur les autres, sur la vie ou sur eux-même. C'est le dépassement de soi de ceux qui savent que la seule route à prendre est parfois la plus dure. 
Il est étonnant que la nature ait pensé à faire d'une alarme physiologique complexe une telle source d'aboutissement. Bien sur elle est là pour nous préserver de tout danger accidentel, au prix d'une sensation d'évitement instinctif liée au désagréable. Souvent l'intensité douloureuse est proportionnelle au trauma subit, et nous indique une anomalie. 

Est-ce la douleur qui défini l'instinct de survie ? Nous passons notre vie à l'éviter, à la contenir, à tel point que cela devient un but en soit. On développe des trésors neurologiques et psychologiques pour échapper à ses griffes lorsqu'elle nous tenaille, des trésors pharmaceutiques et technologique pour ne pas y être confrontés. Ce qui fait de nous des humains est qu'on peut en avoir une conscience rationnelle, et l'alarme devient une force, dans certains cas elle est partie prenante de l'experience de toute une vie.

"Roches" - Canon G12 Macro
Freud disait : "On ne se sent jamais autant vivant que lorsqu'on a mal." Alors quand elle nous tient, lorsqu'on le peut, on l'embrasse pour ne plus la subir. Elle transcende ce que nous sommes et surpasse nos fonctions vitales quotidiennes. Elle est  l'energie du désespoir qui nous pousse en avant. 


Je suis arrivé à Saugues, pays de la bête du Gévaudan. La fatigue aidant, cette douleur n'est plus qu'un souvenir. Je la range pour la nuit, me couche, et trouve un sommeil rapide...


lundi 18 juin 2012

JOUR 2 : Le Puy en Velay - St Privat d'Allier


LUNDI 18 JUIN - 24km - 6h

"On the first part of the journey, I was looking at all the life,
There were plants and birds and rocks and thing..."
America - "Horse with no name"

Première journée de marche, premier gout du chemin, première constatation : ma préparation n'était peut être pas suffisante. Avec 14kg sur le dos il y a un monde entre marcher 10km et marcher 24km. Ce soir, je sens les jambes, et plus particulièrement ce minuscule bout de tendon accroché au bord inférieur droit de ma rotule droite, qui me donne l'impression d'être fiché d'un forêt de perceuse de 8mm depuis le début de la soirée. Je devrais l'oublier s'il se manifeste encore demain, alors je ne pense pas à la tendinite, ce serait un comble après les km d'entrainement dans l'Esterel, dès le 1 er jour. Non c'est une douleur adaptative, une mise en chauffe douloureuse d'une partie encore non stimulée. Enfin j'espère...

Photo Olivier - Canon G12
J'ai voulu sentir le chemin avec un grand C. Un grand C comme dans christianisme. C'est fait, l'immersion est assez importante quoique subtile, mais je ne la freine pas. J'observe ce Dieu chrétien, et c'est bien réciproque. Ce matin le réveil nous mène à la cathédrale Notre-Dame du Puy à 7h, avec messe et bénédiction des pèlerins. Pour la première fois de ma vie je goute au corps du Christ. Fade, mais symbolique. Alors passé le gout transparent de l'hostie, je transforme cette intrusion gastrique en experience nouvelle, comme un menu spirituel que je n'avais pas daigné gouter jusque là, juste lu à l'entrée d'un grand restaurant divin.
Le rituel. Qu'il soit romain ou primitif, il matérialise l'esprit et les croyance que les hommes lui accordent. C'est cela qui compte, là dedans je me retrouve. 

Chapelle St Roch - Photo Olivier - GoPro2
Et me voilà donc expulsé de la cathédrale à 8h, sac sur le dos et rituel en tête, l'hostie bien calée au fond de l'estomac et les yeux rivés sur les petites coquilles de métal qui montrent la route au sol pour sortir de la ville. Après 2km d'urbain, voilà enfin la terre, le vent, le soleil, l'air, les odeurs. Enfin je disparait dans l'histoire des hommes...

"Flexi cows" - Photo Olivier - GoPro2 
Réapparition après 24km et presque 6 heures de marche, bien avalés sous un soleil cognant. Le sort me guide avec un compagnon de route vers un gite familial chrétien à l'entrée de St Privat d'Allier. Je n'hésites pas. Sans gêne ni préjugés, je reste moi-même et me retrouve avec une dizaine d'autres pèlerins à la table d'une famille d'un autre monde que le mien. Et je parle de choses et d'autres avec un plaisir non feint, face à des gens à la bonté non feinte. Pas de rituel ostentatoire ici, une simple bénédicité de repas. La foi claire et sans barrière de  gens simples avec une lumière dans les yeux. Ils offrent un repas sain et délicieux, dans une paix de l'esprit tel que le Christ lui-même l'aurait surement voulue. Il ne devait pas être si différent de nous finalement... 
Merci à vous qui vous reconnaitrez, une belle leçon d'humanité autours d'une simple assiette.

dimanche 17 juin 2012

JOUR 1 : Arrivée au Puy en Velay



(Ceci est mon premier accès internet en 3 jours, les dates de mise en ligne peuvent être décalées par rapport à mon calendrier réel)


Dimanche 17 juin 2012,
C'est dans le noir que j'écris les premières lignes de mon voyage. Dans le noir de la chambrée de 10 lits, séparés en boxes individuels, dans lesquels moi et mes compagnons de route imprévus essayons de trouver le sommeil. Une étrange promiscuité, car même si c'était mon souhait je ne suis, et ne serai, pas seul durant cette route. Je vais devoir accepter ce fait dès les premières heures, dès mon premier contact avec cette communauté jacquaire. Le Gite des Amis de StJacques du Puy, réservé aux pèlerins, est spontanément accueillant. C'en est presque gênant, mais je suis là pour accepter, alors j'accepte. On me donne une chambre, et on me parle comme si j'étais du coin, troublant pour ma personne plutôt réfractaire au contact des autres. Mais soit, je me fond dans le groupe, et cela semblerai presque naturel.


Le Puy en Velay - Photo Olivier - GoPro2
"Sleeping box" - Selfpic - Canon G12


Et là dans le silence feutré de cette première nuit naissante vers Compostelle, je cherche un souffle d'écriture. Depuis les dernieres semaines j'attends avec impatience de laisser s'exprimer sentiments, reflexions, souvenirs et espérances, et voilà que je ne sais pas par où commencer. Alors je laisse venir... 


Créanciale - Cathédrale du Puy
Photo Olivier - Canon G12
En arrivant au Puy en milieu d'après midi je sentais ce mélange d'excitation et de crainte infantile qui nous prends lorsqu'on marche en terrain inconnu. Sensation tout de même agréable car baignée d'une certaine sérénité. 


La pierre des murs de la ville haute suinte d'histoire et de mystères, avec l'imposante cathédrale Notre Dame du Puy en surplomb, dans laquelle je fais apposer le premier d'une longue série de tampons sur ma créanciale, le passeport du pèlerin. Pour un athée comme moi, qui joue avec dieu comme on joue avec le feu, le sentiment est étrange, décalé, cocasse et justement important. 






En soirée je rencontre quelques pèlerins, débutants ou expérimentés, de tous horizons, et je comprends déjà que c'est là qu'est l'aventure humaine pour ces marcheurs de l'âme. La rencontre, le geste vers les autres. Je me sens étrangement observateur, un peu extérieur à ce qu'ils expriment, car ma démarche première est solitaire, une forme d'ermitage, c'est dans ma nature je ne cherche pas le lien avec les autres. 
Mais j'écoute quand même leur histoire et je l'assimile à la mienne, comme une forme complémentaire d'humanité. Ils échangent des expériences, et le contact avec l'histoire des autres donne une place à la leur le long de cette route vers Santiago.


Un premier contact avec le chemin assez troublant et intriguant, plaisant en tout cas. Après un excellent repas dans la vieille ville et quelques photos au coucher du soleil, me voilà donc au lit, dans le noir. Les autres marcheurs semblent dormir, ou pas. Demain, réveil à 6h, benediction à la cathédrale et je me mets en marche... 


Le Christ sans bras - Photo Olivier Canon G12




lundi 11 juin 2012

Un premier départ...

Il faisait presque trop beau et trop chaud ce week-end à Cannes. Je parlerai en cours de route de cette région où j'habite depuis quelques années. Je n'y passe qu'une dizaine de jours par mois en moyenne mais c'est mon point de chute, mes affaires sont là, ainsi que bien d'autres choses.
L'air de la mer et sa ligne d'horizon vont me manquer. Alors quelques apnées pour sentir encore le marin avant de pactiser avec la terre et la brûlure du soleil, et il faut se mettre au "paquetage". 

"Apnée" - Theoule s/ mer - Photo Olivier / GoPro2

Dimanche au réveil, il était difficile d'imaginer qu'il faudrait 2 heures plus tard ne rien oublier avant de fermer la porte et tourner la clefs pour 3 mois. Fermer une porte comme on tourne une page. 
Ca y est, première étape : quitter son lieu de résidence.
 
En descendant les marches depuis le 2eme étage je n'arrivait pas à réaliser que le sac que j'avais sur le dos contenait ma vie pour les 12 semaines à venir. Pas besoin de partir dans le désert pour sentir l'horizon s'ouvrir devant soi. Même si ce n'est que pour 3 mois, même si je ne pars qu'à 1700km, enfin je ressent à nouveau le vrai large approcher, sensation amicale et familière que j'avais mis de côté au profit du travail durant les dernières années... 

"Wreckage" - Theoule s/ mer - Photo Olivier / GoPro2

3h30 de route, un autre temps, une autre région. Nous sommes le Lundi 11 juin au matin, il pleut à Lyon et la fraicheur inhabituelle pour la saison m'oblige à ne rien oublier dans la préparation du départ. J'ai la semaine pour tout boucler niveau travail. Dimanche, descente au Puy en Velay mon point de départ, et la route est à moi...

 

jeudi 7 juin 2012

1er message : Encore 10 jours...

Mon premier "post" ici, pour lancer la machine rédactionnelle qui me suivra tout au long des 1700km de route qui m'attendent jusqu'à St Jacques. La mise en page est ce qu'elle est, j'espère améliorer ça au fil des messages.
En tout cas c'est ici que vous pourrez suivre le fil de l'aventure. Je ne pourrai peut être pas poster tous les jours, mais plusieurs fois par semaine je penses, internet est partout de nos jours. 
Ma page Ulule reste active, j'y posterai encore une ou deux news en rapport aux participations dans les prochains jours.

C'est ici : http://fr.ulule.com/maroute/

Il reste encore 7 jours pour participer à ma route, et j'espère arriver au montant nécessaire pour valider ce concept de sponsoring. En effet il faut arriver à la somme demandée pour qu'elle soit débloquée. Encore une fois ce n'est pas le montant mais le geste qui compte, parlez en autours de vous, "linkez" cette page et parlez en autours de vous si l'idée et le concept vous parlent, merci.

Montagne du Thiey - Photo Olivier - Iphone
J'hésitais ce soir à refaire une présentation de mon idée, de cette route à venir, de ce qui m'a amené à l'envisager et à la préparer. 
Mais déjà je ne voudrai pas faire doublon avec la page Ulule, et de plus je pense que cette aventure prendra tout son sens une fois lancée. 
J'attends donc le départ, et le flots des idées, pour écrire tout ce que ces pas représentent pour moi, tout ce qu'ils me permettrons de trouver et de découvrir.


Encore 10 jours. Dimanche 17 juin, je prends donc la route vers St Jacques de Compostelle pour un périple de 2 mois et demi. 





Alors que l'heure approche, je sens monter deux émotions, suspendues l'une à l'autre. D'abords un stress plus présent que je ne l'aurais pensé : partir 2 mois demande de penser à tout, TOUT, ce qui pourrait arriver, et donc de cloturer les "affaires en cours". Après ces derniers mois, entre affaires professionnelles et personnelles, la tâche semble interminable et épuisante, tant niveau organisation qu'administratif. Aujourd'hui je suis sur les nerfs, alors je me résigne à l'être surement jusqu'au départ. Là je devrais débrancher mon cerveau du quotidien, de gré ou de force.

Le second sentiment, celui en hauteur, dominant et rassurant, reste l'appel irrésistible de la route. Sentiment boosté par la confiance que je place en elle. J'ai hâte d'y être, je frissonne devant l'inconnu, mais en partie je suis déjà en route. Dans 10 jours j'y serais entièrement.


Je ferai bientôt une présentation plus technique du voyage, avec la liste de mon matériel, des étapes et détails de l'organisation. 

A bientôt, merci encore pour votre soutien... 


Rocher de Roquebrune - 01/06/2012 - Photo Olivier - Canon G12