vendredi 22 juin 2012

JOUR 6 : Lasbros - Nasbinal

22km - T. de marche : 6h20mn 


"Karma Police, I've given all I can, it's not enough,
I've given all I can, but we're still on the payroll..."
Radiohead - "Karma Police"



"LE CRI DU CORPS"
Le changement des habitudes provoque une multitudes de déséquilibres physiques. A moins qu'il ne révèle simplement ceux qui étaient déjà là. Depuis mon départ tous les maux et faiblesses oubliés semblent se lier dans une cascade de cracs et de couacs.Entre muscles, tendons, réactions immunitaire et allergiques, je ne fais que subir d'une journée sur l'autre la mauvaise volonté de mon corps, qui semble avoir du mal à se mettre en route.
Je pensais m'être entrainé, or depuis le premier jours je reviens sur mes certitudes. Tu ne sais pas tout de toi-même Olivier, foncer tête baissée peut se finir dans un mur. Il serait dommage de devoir arrêter ici le voyage à cause d'une tendinite ou d'un claquage.


"Take a rest" - Selfpic - Canon G12


Les "anciens" du chemin de Compostelle disent souvent : la première semaine est la plus dure. En effet pour beaucoup de marcheurs c'est le temps nécessaire pour que le corps s'adapte à la route. Cette vérité est appuyée par un relief géographique particulièrement rude sur les deux longues premières étapes, avec des vallons escarpés raides à descendre et à monter. Avec le sac de 14kg sur le dos, chaque pas est une épreuve pour les muscles, les tendons, le cardio.


"Cows and more cows" - Photo Olivier - GoPro2 

Je n'échappes donc pas à la règle. Mardi c'est le tendon genoux droit. Pour compenser je prend un faux appui, et mercredi c'est l'orteil droit qui frôle le panari. Je tire donc sur la jambe gauche jeudi, avec pour résultat une raideur tendineuse et grosse courbature au mollet jambe gauche le soir même. Petit coup de froid de la veille égal rhume carabiné qui descend sur la gorge. Je pars donc ce vendredi matin avec : ongle pied droit en vrac, tendons genoux droit raide, mollet gauche prêt à claquer, gorge tapissée aux orties, oreilles dans le coton et mal de crâne niveau "mauvais alcool". Cerise sur le gateau, en arrivant sur Nasbinal je sens un coup d'aiguille lancinant dans l'attache du tendon d'achille au talon pied droit. C'est un coup monté cellulaire au bénéfice de la paresse, conte mon gré ! 


Alors il y a une nouvelle leçon à prendre : ne pas s'écouter, et continuer. Ou du moins ne pas tolérer les caprices du corps. Je me rappelle étant petit, me sentir tomber malade avec ces sensations de vulnérabilité et de désespoir irrationnel. Tout pouvait s'arrêter, les choses les plus passionnantes devaient attendre que le mal passe. Non, je ne suis pas là pour ça, alors comme un chiot qu'on éduque et qu'il ne faut pas braquer, je vais faire avancer mon corps malgré lui en le brossant dans le sens du poil.
Pour le moment je ne prévois pas de journée "off", mais je me garde cette option au cas où je doive laisser ce corps "respirer".


Je commence donc à penser à lever un peu le pied, au sens littéral comme figuré, pour l'étape du lendemain. Je me fixe une marche courte jusqu'au village d'Aubrac, à 9km d'ici. 
On ira doucement, mais on ira...


"Split stones" Plateau de l'Aubrac - Photo Olivier - GoPro2







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire