jeudi 21 juin 2012

JOUR 5 : Le Rouget - Lasbros

23km - Temps de marche : 8h



"And you run and you run to catch up with the sun but it's sinking.
And racing around, to come up behind you again.
The sun is the same in a relative way but you're older.
Shorter of breath,and one day, closer to death."
Pink Floyd - "Time"


"Bird & Bells" St Alban - Photo Olivier - GoPro2

"RELATIVITE"
Les distances ont ça d'étrange, qu'au delà des kilomètres parcourus c'est la vision toute subjective qu'on en a qui défini leur importance. Tout est question de rythme et de prédispositions à un parcours.


En partant ce matin du gite agricole du Rouget je n'avais pas défini de distance précise me séparant de mon étape du soir, le village de Lasbros. Du moins je n'en avais pas conscience. Je savais simplement que je m'arrêtais un peu après Aumont-Aubrac, qui se trouve à 19km de là. 


"Moooo" - Photo Olivier - GoPro2
Jusque là tout allait bien, mais parce que "un peu après" se traduisait instictivement par "arrivée", je m'imaginais finir mon étape en passant les limites de la petite ville. Mais 4 km peuvent être long quand on pense n'en avoir à faire qu'un 10eme... et la route qui m'amène à Lasbros me semble alors interminable. 
"Fresh Tube" - Selfpic - GoPro2
Sous un soleil implacable elle délie sa langue de bitume noir et brulant à perte de vue. L'enfer est dans les derniers kilomètres, alors qu'on en a déjà 19 derrière soi, juste parce que notre esprit se croyait déjà arrivé. Dur alors de mettre un pied devant l'autre. 
L'optimisme est un bon compagnon, mais ne doit jamais faire passer son sujet pour argent comptant ! Arrivé à Lasbros 1 heure plus tard, je me promet de ne plus prendre le kilomètre à la légère.


Ma cadence de marche ralentie. Je pense sortir petit à petit du rythme de citadin qui me colle à la peau depuis des années, où tout doit aller plus vite que tout. Je me rend compte aujourd'hui que les 3 premiers jours je taillais les étapes comme on court un 100 mètres, avec cette irrationnelle sensation d'urgence typiquement urbaine dans la tête. 

Une course contre qui ? Personne, à part peut être moi-même. 
Et "moi-même" commence à ne plus rien en avoir à faire des minutes, les kilomètres ne se tricotent pas à coup de secondes. Alors les pas ralentissent et le rythme se prend à l'instinct. Ils s'échouent sur le sol comme des vagues sur le sable par une mer tranquille. 
Les minutes passent, les pas s'additionnent, les kilomètres suivent...










La relativité d'Einstein explique un phénomène étonnant :  plus un objet va vite, moins le temps a d'emprise sur lui. Certains photons primordiaux, ces particules de lumières, voyagent tellement vite qu'émis depuis 13 milliards d'années ils arrivent chez nous sans avoir pris 1 an. 
Je penses à ça en regardant mes pas s'aligner l'un devant l'autre, et je rend compte de cette théorie à mon échelle. Je viens de parcourir plus de 100km en 4 jours de marche. Il m'aurait fallut 40mn en voiture pour couvrir la même distance.
Le temps et l'espace sont effectivement bien relatifs. Nos vies en accéleré d'hommes modernes plient leurs courbes et transforment leur échelle. A tel point qu'on a l'impression de devoir aller toujours plus vite de peur qu'ils nous échappent. Comme c'est bon de les sentir à nouveau à ma portée, pas à pas...

"Stone Cross" - Photo Olivier - GoPro2

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