mardi 7 août 2012

JOUR 52 : O CEBREIRO - SARRIA

40km - Temps de marche : 10h


"Close to the edge, just by a river, 
Seasons will pass you by, I get up, I get down,
Now that it's all over and done, 
Now that you find, now that you're whole..."
Yes - "Close to the edge"


"Conchilla fuente" - GoPro2
"ECRIRE"
Ecrire est un plaisir, un sport, un enjeux, une souffrance. Ecrire c'est transformer les sentiments en image, et mettre des mots sur  ce qu'on ressent permet de faire un instantané de nos émotions à un moment précis. Si les pensées sont éphémères, les écrits restent et prolongent notre vécu pour la postérité, l'histoire ou l'héritage de nos années. Leur lecture est accessible aux autres autant qu'à soi-même, et lorsqu'on y met notre âme se relire offre une perspective souvent étonnante et décalée sur notre vie. Je pourrais me lancer dans un récit de fiction, inventer des histoire, mais présentement mon inspiration vient de ce que je vis et de ce que je vois. 
En partant pour Compostelle je savais que j'aurai beaucoup à écrire car j'avais beaucoup à penser. Mais je quittais le Puy sans savoir si j'y arriverai, en partie par le temps que cela prend. Sur le chemin les journées sont vite remplies. Les longues heures de marche et les devoirs quotidiens qu'elles impliquent une fois l'étape atteinte ne laissent que peu de temps et de force à la gymnastique cérébrale. C'est pour cela que mon journal est décalé, j'ai pris du retard à ne pas pouvoir écrire aussi vite et aussi souvent que je le voudrai.

Ecrire est un accouchement. Je souhaites à d'autres une tâche rédactionnelle plus simple, mais pour moi c'est un effort mental considérable d'arriver à exprimer ce que je veux de la manière la plus juste, tant la langue est riche, tant elle est subtile, et tant il est du coup difficile de mettre des mots sur des émotions. Chaque partie de ce journal me prend des heures devant l'écran, à écrire, effacer, retourner les phrases, sans même savoir si cela sera compréhensible ou agréable en lecture. Ecrire est un don de soi.

"Holy cross" - GoPro2
Mais le temps et le verbe ne sont pas tout. L'écriture ne se donne pas facilement car en plus de devoir être en bonnes conditions, parler à la première personne est un exercice plutôt difficile. Il faut essayer d'être objectif en parlant de soi, ce qui est de principe assez paradoxal. 
Très vite de nombreux travers se glissent entre les lignes et les phrases peuvent tourner à l'orgeuil, la vantardise ou la mythomanie pure et simple. 
Alors si je devais parler de moi, ce serait sans masque, sans timidité déplacée, sans rien cacher. En tâchant d'éviter les pièges du nombrilisme, j'espère exprimer au mieux les choses qui me touchent, bonnes ou mauvaises durant cette aventure.



J'avais décidé que ce serait cette fois dans ma vie, par ce pèlerinage, que je tenais l'occasion de me "livrer", en tâchant d'exprimer mes émotions et sentiments de la manière la plus nue et réelle possible. 
Surtout je voulais essayer de ne pas orienter mes écrits. Je ne devais pas écrire ce que je veux qu'on pense de moi, mais ce que je suis. Pour cela j'ai rangé la peur du regard et des qu'en dira-t-on, j'ai accepté mon orgueil et me suis forcé à faire taire ma pudeur. 
Alors j'ai écris sur ce que je que vis et sur ce que je vois, par une plume qui je l'espère parle d'elle même, sans que la main de mon égo ne lui fasse trop d'avances.

Voilà, ce qui est écrit ici dans ce journal n'est que moi, ni plus ni moins. Est-ce déjà égocentrique de tenir de tels propos ? Question de point de vue je dirai mais en réalité peu importe. Si cet égocentrisme existe, il a le mérite d'apparaitre en ces lignes et de ne pas prétendre à ce que je sois autrement. Alors vous qui me lisez, vous me voyez tel que je suis, autant que je me vois par ce miroir qui me reflète à travers ces mots. Et je me sens soulagé d'enfin baisser ma garde, sans m'inquiéter des opinions positives ou négatives de mes potentiels lecteurs, vous ou moi.

"Bridge " Portomarin - GoPro2
Ais-je écrits pour moi ou pour les autres ? Au final cela importe peu aussi, je me rends compte aujourd'hui que ces mots sont surtout un dialogue avec mes sentiments, et que je n'ai aucune raison de les transformer. 
Pour être soi-même le plus dur est de rester simple finalement, comme l'est la vie sur le chemin de Compostelle... 

1 commentaire:

  1. Alors au vu de ce que j'ai lu je peux en déduire que tu dois être une personne aussi belle que tes mots et écritures.
    Et je n'y vois aucun égocentrisme ;) .

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