vendredi 3 août 2012

JOUR 48 : VIRGEN DEL CAMINO - ASTORGA

40km - Temps de marche : 8h30


"Astorga's gate" - Selfpic - GoPro2

"I live through guidance, I got no shirt, no pants, no shoes.
I'm a stronger force, the wind, the sea, even the earth defend I,
I'm just living I life..."
Countryman - Original soundtrack


"A SIMPLE LIFE"
Marcher. Voilà tout ce que j'ai à faire, chaque jour, chaque heure, depuis des semaines. Tout le reste de ma vie tourne autours de cette activité, et tient dans un sac. Elle consiste à revenir à l'essentiel : arriver à l'étape, prendre une douche, laver mes affaires du jour à la main, souffler seul en écrivant ou passer un peu de temps en compagnie d'autres marcheurs devant une bière, ou deux. 
Je surveille mon corps et mon matériel et si nécessaire je répare, je change, je soigne. Et le soir, il s'agit de manger ce qu'il y aura de plus consistant et bénéfique pour le lendemain, avant de m'allonger entre 21h et 22h pour ne pas sentir le sommeil m'emporter tant la fatigue est saine, tant elle prend sa place sans contestations. 

"Gaudi's dream", Astorga - GoPro2
Une vie au plus simple qui a l'étrange faculté de révéler le fond de chacun sur ce chemin. Certaines personne adaptées au quotidien des villes, du travail, du social, se révèle mal élevée, paniquées, mal à l'aise ou perdues une fois au prises avec les choses les plus simples. D'autres montrent de vrais trésors d'ingéniosité, une capacité inattendue à aider les autres ou à se sortir de situation conflictuelles. Surtout, et c'est assez paradoxal, c'est cette vie simple, au jour le jour, qui nous oblige à nous dépasser à chaque instant, pour mettre un pied devant l'autre, pour savoir ou dormir, pour ne pas marcher dans des habits importables, pour supporter les autres d'une auberge à l'autre.
Cette vie simple nous montre notre vrai caractère. Sur le chemin on ne peut plus se cacher, car la simplicité ne porte pas de masque. Et comme un voyage à deux peut révéler le bon ou le mauvais d'une personne, chacun peut se découvrir une force ou une faiblesse. 

"Virgen" - GoPro2
C'est aussi cette vie simple où l'effort est survie qui nous fait réfléchir au sens des choses. Alors que nous vivons dans le confort et la sécurité, nous nous enfermons dans l'expectative et la peur de les perdre. Faut-il pour autant tout laisser pour un sac à dos et quelques auberges. Pour ma part c'est non. Par contre, peut être que garder en tête que ce confort et cette sécurité ne sont pas une fin en soi peut aider à ne pas en être trop dépendant. 

Vivre Compostelle est un bonheur nu, vide de tout ce qui ne nous sert pas à nous lever le matin pour marcher encore. Le superficiel n'y est qu'une chaude pensée, et comme tel il reste léger à nos esprits, libres de rêver à ce qu'était notre vie avant notre départ. 



Ma vie va-t-elle changer à mon retour ? Non, mais certaines choses, matérielles et cérébrales, y auront retrouvé je l'espère une valeur plus juste. Car le dénuement nous lave des traces laissées par ce que nous pensons être indispensable. L'indispensable, celui que nous rangeons par erreur dans le quotidien de nos vies modernes, c'est  cette fenêtre dans notre tête qui nous offre un paysage de liberté. C'est cette capacité, à portée de notre volonté, à découvrir de nouveaux d'horizons, à être ce que sommes au delà de ce qu'on nous dit d'être, à prendre un sac et partir sur un chemin... 

Me voici à Astorga, aux portes de la Galice...


1 commentaire:

  1. Bonjour Olivier,
    j'ai été très touché par ton dernier récit au sujet de ton père. La perte d'un ami est déjà si difficile à vivre, je n'ose imaginer celle d'un parent. Et comme tu dis, faut-il payer un jour pour avoir été heureux ? Alors si oui, la vie est vraiment injuste mais elle vaut quand même la peine d'être vécue à fond... Et comme dirait Charlie Chaplin "la vie, je ne m’en passe pas...Et toi non plus tu ne devrais pas t’en passer...Vis! Ce qui est vraiment bon, c’est de se battre avec persuasion, embrasser la vie et vivre avec passion, perdre avec classe et vaincre en osant, parce que le monde appartient à celui qui ose. Et La Vie c’est beaucoup trop pour être insignifiante." Je pense que c'est ce que tu fais avec brio! Encore toutes mes félicitations pour ton parcours, la fin de ton chemin approche, je te souhaites beaucoup de courage pour ces quelques kilomètres restant, au bout de ta route que du bonheur, au plaisir...

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