lundi 6 août 2012

JOUR 51 : VILLAFRANCA - O CEBREIRO

31km - Temps de marche : 6h


"A soul in tension that's learning to fly
Condition grounded but determined to try..."
Pink Floyd - "Learning to fly"

"Galician grounds" - Selfpic - GoPro2
"GALICIA"
Enfin le retour d'un chemin plus "nature". Cette montée verte dans les montagnes à l'entrée de la Galice me sort des interminables plateaux céréaliers qui défilent sous mes yeux depuis presque 2 semaines. Comme s'il sortait d'une léthargie le chemin prend du mouvement et se tranforme à nouveau. En montant il prend un air presque familier alors que les vallées s'encaissent, que les crètes apparaissent et que l'altitude rafraichit l'air. Depuis mon arrivée en Espagne c'est la première fois que je sens à nouveau un plaisir physique complet à marcher, surement par la similarité du terrain avec celui de mes premières semaines d'aventure en France. Cette végétation, ce chemin qui rétréci et chemine à flanc de montagne. Les yeux prennent de la hauteur et le coeur s'emballe pour l'équivalent espagnol de la Bretagne. 

O Cebreiro. Depuis la naissance du Camino c'est la borne frontière des pèlerins quittant les terres arides pour leur dernière partie de route. Ce minuscule village logé sur la crète la plus haute des montagnes Galiciennes est encore dans son jus médiéval. Impossible de ne pas être pris par la magie et l'authenticité de l'endroit. Enfin presque impossible, l'endroit est convoité et heurseument que notre rythme de marche, à moi et mon "groupe", nous permet d'arriver relativement tôt sur place et de trouver lit pour la nuit. Le nombre de pèlerin semble avoir triplé en 24 heure, et nombreux sont ceux qui ne trouveront pas de place ce soir, l'humble village ne pouvant loger tout le monde. 
Avec le temps changeant et les températures fraiches des hauteurs pas le choix, il leur faut continuer.

"Painted stone" - GoPro2
Cette étape me donne une étrange impression, visiblement partagée par d'autres pèlerins, depuis toujours. Celle d'approcher de la fin, physiquement. Santiago est encore à plusieurs jours de marche mais le changement de paysage donne de la matière aux distances, celle parcourue et celle restante. L'excitation est palpable partout, chez les autres, en moi. Les 100 derniers kilomètres ne sont plus loin et avec plus de 1400km dans les jambes ce chiffre me parait ce soir surréaliste, étrangement désuet, presque ridicule. 
Pourtant il marque mon esprit et j'en dors mal lors de cette nuit en montagne. Ce chiffre est annonciateur d'une mission dont je désire plus que tout l'accomplissement, mais aussi d'une fin de voyage qui se rapproche et que je redoute... 

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