see the skyline disappear,
Head out of the city,
burn my clothes, and bury my fear..."
Tom McRae - "Ghost of a shark"
Il est 18h sur la place Champollion à Figeac, et je suis assis devant cet écran, à écrire ma journée comme si je n’avais jamais quitté ce chemin. Les réflexes, les sensations, les habitudes refont surface alors que je n’ai même pas encore marché un seul kilomètre. Cette ville je la connais, cette place j’y ai déjà écrit, ce gîte j’y ai déjà dormi, je suis de retour sur Compostelle.
Je suis arrivé ce matin
par la route depuis Lyon, 5 heures à travers la France pour rejoindre ce nouveau
point de départ. J’ai garé la voiture en ville, en espérant que son séjour de 7
ou 8 jours ne me la rendra pas vandalisée, et j’ai tourné les talons, les yeux
dans les vieilles pierres de la ville et l’esprit déjà en route, quelque part
entre mes souvenirs d’il y a deux ans et le chemin à venir. Le temps est chaud,
lourd, humide, plus sombre et orageux en cette mi-aout que dans mes souvenirs
de juillet 2012. Voilà bien un paramètre qu’on ne contrôlera jamais, j’espère
ne pas faire mes 8 prochains jours sous la pluie…
J’avais prévu quelques
heures cet après-midi pour remonter le temps et toucher du doigt les souvenirs
de cette portion lorsque je l’avais parcourue il y a deux ans. Alors à coup de
voiture je suis remonté à Decazeville puis Linvinhac, qui sont les villes-étape
précédent l’arrivée à Figeac. Et c’est avec un délicieux sentiment de richesse
vécue que je retrouve instantanément cette petite route qui descend vers le
Lot, celle qui m’avait tant fait souffrir à l’époque, mon genou droit planté d’un
clou par la tendinite.
Je reconnais les détails, je me revois sur un coin de
rue, sur un banc sur lequel je m’étais assis, et ce sont les autre pèlerins que
je passe en voiture aujourd’hui sur cette même route qui donnent matière à mon
souvenir.
C’était moi il y a deux ans, c’est eux aujourd’hui, et j’en savoure une
émotion partagée entre mélancolie et fierté. Surtout, je retrouve l’excitation
d’être pèlerin à nouveau, en considérant probable que je n’ai jamais cessé de
l’être…
Ce soir, retour aux
habitudes : ordinateur en terrasse, trouver de quoi manger, se coucher
tôt. Mon sac est plus léger qu’il y a deux ans. Je ne pars que huit jours mais
ce n’est pas la raison de l’allègement du paquetage. C’est bien l’expérience
acquise qui m’a fait choisir peut être plus judicieusement les éléments du
voyage, indépendamment du temps de parcours. Moins de fringues, moins de
livres, moins d’électronique, moins de poids. Et encore, malgré la cure
d’amaigrissement du sac je le trouve encore trop gros. Demain réveil à 7
heures, pour le jeter à nouveau sur mon dos et voir si cela porte ses fruits.
En ce qui concerne le poids de l’esprit, là c’est autre chose, il faudra bien
faire avec ce qu’il emporte avec lui !
Je pars donc pour la
variante de Rocamadour par le nord, que je rejoindrai théoriquement en deux
jours, et dont la suite se fera plein sud en rejoignant le GR65, la portion
historique du pèlerinage, juste avant Cahors. Je remonterai ensuite le Chemin plein
Est pour le retour à Figeac, en me demandant bien quelles seront les sensations
morales d’une remontée à contre-courant du pèlerinage et de mes souvenirs.
Huit
jours aujourd’hui, deux mois il y a deux ans, je suis curieux de voir quelle
analyse portera mon esprit sur cette nouvelle route. Mais pour le moment, le
plus important est d’y être à nouveau…
Figeac 2014 - GoPro Olivier
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