« MARATHON MAN »
« Run on and on, run
on and on,
The loneliness of the
long distance runner… »Iron Maiden – “The loneliness of the long distance runner”
Aujourd’hui me verra
écrire un vrai journal d’étape, étape transformée en un marathon digne de mes plus
belles performances espagnoles d’il y a deux ans. Malgré une seule marche de
mise en condition hier, j’ai traversé ma journée comme si j’avais un
entrainement olympique derrière mois, forgé de la robuste habitude des longues
distances que nous donnent des semaines de vadrouille jusqu’à Compostelle.
Parti frais de
Lacapelle-Marival, sans douleur aucune, j’ai commencé par enchainer 14
kilomètres d’une traite jusqu’au village de l’Hopital, pensant tout de même
m’arrêter pour un café bien mérité en terrasse et acheter de quoi déjeuner ce
midi. Le sort en a voulu autrement. Absolument rien d’ouvert, et malgré son nom
le village n’a pas montré une once d’hospitalité au vertueux pèlerin que
j’étais en le traversant. Alors résigné je n’ai même pas ralenti pour
enchainer à travers champs les 7 km me séparant de la petite ville de Gramat.
Et voilà, première pause à 11h30 après 21 kilomètres d’une traite, sportif.
Certes le relief clément
était relativement plat, mais il me fallait impérativement reposer mes membres.
Alors un café sur place et je suis ressorti de la ville pour trouver un endroit
propice à la préparation de mon casse-croute, 3 km plus loin.
24 km parcourus, pause
déjeuner, 15 minutes étalé au milieu de nulle-part, et ça repart.
Mais malgré la pause, à
ce stade l’usure des kilomètres se fait sentir. Les pieds sont dans les genoux,
et les articulations se grippent avec des douleurs aigües. Pour couronner le
tout, les mètres s’allongent d’autant plus que la fin d’étape vers Rocamadour
est aussi somptueuse qu’assassine !
Le relief plonge dans les
gorges de l’Alzou, absolument magnifiques et encaissées, parsemées de ruines
médiévales sur plusieurs niveaux qu’on traverse extasié. Elles mènent à
Rocamadour sur presque 8 km dans une ambiance de terre vierge, perdues à
souhait, mais terrible quand on a déjà 25 bornes dans les pieds.
Alors me voici de retour
dans les bonnes vieilles sensation de lutte, ou tout est gestion d’effort et de
distance. Plus de musique sur les oreilles, plus de réflexions spirituelles,
tout est dans l’économie d’énergie et l’expectative de l’arrivée. Un pas devant
l’autre, chaque mètre compte, et à chaque seconde on désire plus que tout voir
apparaitre la façade d’une bâtisse, annonçant la fin du calvaire volontaire.
Rocamadour - Photo Olivier GoPro |
Mais qu’est-ce qui peut
bien nous pousser si loin ? Il n’y a pourtant pas de challenge dans la
condition de pèlerin. Pas de trophée pour la postérité, pas de prix ni de
médaille.
Alors peut-être est-ce
justement là qu’il faut trouver la récompense à nos efforts : aller chercher un but
au bout du chemin, comme un trophée visible de nos yeux seulement, précieux à
notre conscience et n’existant que dans notre mémoire. Peut-être est-ce nous
même que nous allons chercher, un « soi » lavé des doutes de l’aventure,
lové dans la chaleur de l’accomplissement, qui pardonne nos faiblesses et rend
hommage aux douleurs de la route et ce qu’elles nous coutent en chemin…"Deep down in faith" - Sanctuaire de Rocamadour - Photo Olivier - GoPro |
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