« Sometimes I feel like I want to live,
Far from the Metropolis, just walk through that door…”
Dead Can Dance - “Opium”
Il est 1h du matin, à Lyon, et je suis rentré de mon pèlerinage depuis 1
mois et demi. C’est la première fois depuis ce retour que j’arrive à prendre
les commandes de mon clavier pour aligner à nouveau mes souvenirs et sentiments,
avec une pesante sensation de vide à l’estomac. Mon monde a-t-il changé ?
Ou bien est-ce moi qui ne suis plus à son rythme ?
Etrangement les coincidences sont encore là. La dernière étape de mon
journal fût celle de mon arrivée à Santiago, le but de mon périple, de tous mes
abandons, de tous mes espoirs. Et étrangement je n’ai plus été capable d’écrire
ce qui est arrivé ensuite. Pas une ligne depuis que le monde commun m’a vu
revenir à lui. Coincidence ? Peut être les derniers jours de marche vers
Fisterra, différents en l’esprit qu’ils furent pour sortir du pèlerinage, comme
un caisson hyperbare de l’aventure, ne pouvaient être écrits dans la même
foulée que les milliers de pas que j’ai fait jusque là. Peut être qu’il fallait
que ces 3 derniers jours, et ces semaines qui ont suivi mon retour, soient écrits
plus tard, maintenant. Peut être que ce vide que je ressens n’est pas une
fatalité incompréhensible qui me tord le ventre, mais que cette incapacité à
finir mon journal jusque là fait partie d’un tout dans mon expérience.
Peut être que je ne vois pas encore ce que ce
chemin a fait de moi, ce qu’il m’a pris. Ni ce qu’il m’a rendu…
Je me rappelle cette phrase entendue sur le chemin de Compostelle :
« L’ultime épreuve, c’est le retour ». Je ne peux que reconnaitre
humblement le poids de cette vérité. Le retour est une épreuve presque
insurmontable, et chaque jour est un effort pour accepter ce qui semblait normal
ou acquis avant le départ.
Les yeux grand ouverts par 2 mois rivés sur le
soleil, je me suis senti plus entier un sac sur le dos vers l’inconnu, l’esprit
libre, plutôt que faussement maitre d’un monde moderne qui va toujours bien plus
vite que moi.
Pour la première fois je rédige en direct, au présent, en italique.
Maintenant l’histoire de mes 3 derniers jours sur le chemin peut être enfin écrite.
Je sens à nouveau, après ces 6 semaines de « décompression », je
dirais presque de dépression, le besoin et l’envie d’écrire. Je le dois à ceux
qui m’ont suivi, je me le dois et je le veux. Car plus jamais je ne pourrai douter
qu’il existe encore des territoires à explorer, dehors comme dedans, ni qu’il y
a en chacun de nous un imaginaire à stimuler. C’est l’enjeu de la survie.
Alors encore quelques jours, pour trouver le temps idéal à l’écrit, et
je me délivrerai de ce retour en posant des mots sur la suite de l’aventure…
"Nautical Star" Burgos, Espagne |
Il est vrai que stimuler notre imagination aide à supporter une vie parfois bien difficile et enjolive ce monde qui n'est pas toujours fait que de belles choses... Merci de nous le rappeler Olivier...
RépondreSupprimerA vrai dire ça ma manquée, c'est bizarre !! je me demandé si tu allais encore poster ou pas!! je suis resté sur ma faim !! surtout sur le dernier post!! donc j'attend la suite avec impatience. Histoire de te lire encore et encore. Et sincèrement j'espère que tu as coupé cette horrible barbe !! lol
RépondreSupprimerA bientôt j'espère. P.Karine
merci Olivier de reprendre contact pour partager l'après...
RépondreSupprimermême après 10 jours de marche, ce n'est pas évident alors je peux à peine imaginer après 3 mois bon retour "parmi nous "
Un bien bon bout de chemin, ma foi. Humide, on dirait.
RépondreSupprimerIl va falloir en reparler.
Yann.