mercredi 10 octobre 2012

LE POID DU RETOUR



« Sometimes I feel like I want to live,
Far from the Metropolis, just walk through that door…”
Dead Can Dance  -  “Opium”

Il est 1h du matin, à Lyon, et je suis rentré de mon pèlerinage depuis 1 mois et demi. C’est la première fois depuis ce retour que j’arrive à prendre les commandes de mon clavier pour aligner à nouveau mes souvenirs et sentiments, avec une pesante sensation de vide à l’estomac. Mon monde a-t-il changé ? Ou bien est-ce moi qui ne suis plus à son rythme ?

Etrangement les coincidences sont encore là. La dernière étape de mon journal fût celle de mon arrivée à Santiago, le but de mon périple, de tous mes abandons, de tous mes espoirs. Et étrangement je n’ai plus été capable d’écrire ce qui est arrivé ensuite. Pas une ligne depuis que le monde commun m’a vu revenir à lui. Coincidence ? Peut être les derniers jours de marche vers Fisterra, différents en l’esprit qu’ils furent pour sortir du pèlerinage, comme un caisson hyperbare de l’aventure, ne pouvaient être écrits dans la même foulée que les milliers de pas que j’ai fait jusque là. Peut être qu’il fallait que ces 3 derniers jours, et ces semaines qui ont suivi mon retour, soient écrits plus tard, maintenant. Peut être que ce vide que je ressens n’est pas une fatalité incompréhensible qui me tord le ventre, mais que cette incapacité à finir mon journal jusque là fait partie d’un tout dans mon expérience.
Peut être que je ne vois pas encore ce que ce chemin a fait de moi, ce qu’il m’a pris. Ni ce qu’il m’a rendu…

Je me rappelle cette phrase entendue sur le chemin de Compostelle : « L’ultime épreuve, c’est le retour ». Je ne peux que reconnaitre humblement le poids de cette vérité. Le retour est une épreuve presque insurmontable, et chaque jour est un effort pour accepter ce qui semblait normal ou acquis avant le départ. 
Les yeux grand ouverts par 2 mois rivés sur le soleil, je me suis senti plus entier un sac sur le dos vers l’inconnu, l’esprit libre, plutôt que faussement maitre d’un monde moderne qui va toujours bien plus vite que moi.

Pour la première fois je rédige en direct, au présent, en italique. Maintenant l’histoire de mes 3 derniers jours sur le chemin peut être enfin écrite. Je sens à nouveau, après ces 6 semaines de « décompression », je dirais presque de dépression, le besoin et l’envie d’écrire. Je le dois à ceux qui m’ont suivi, je me le dois et je le veux. Car plus jamais je ne pourrai douter qu’il existe encore des territoires à explorer, dehors comme dedans, ni qu’il y a en chacun de nous un imaginaire à stimuler. C’est l’enjeu de la survie.
Alors encore quelques jours, pour trouver le temps idéal à l’écrit, et je me délivrerai de ce retour en posant des mots sur la suite de l’aventure…

"Nautical Star" Burgos, Espagne

4 commentaires:

  1. Il est vrai que stimuler notre imagination aide à supporter une vie parfois bien difficile et enjolive ce monde qui n'est pas toujours fait que de belles choses... Merci de nous le rappeler Olivier...

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  2. A vrai dire ça ma manquée, c'est bizarre !! je me demandé si tu allais encore poster ou pas!! je suis resté sur ma faim !! surtout sur le dernier post!! donc j'attend la suite avec impatience. Histoire de te lire encore et encore. Et sincèrement j'espère que tu as coupé cette horrible barbe !! lol
    A bientôt j'espère. P.Karine

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  3. merci Olivier de reprendre contact pour partager l'après...
    même après 10 jours de marche, ce n'est pas évident alors je peux à peine imaginer après 3 mois bon retour "parmi nous "

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  4. Un bien bon bout de chemin, ma foi. Humide, on dirait.
    Il va falloir en reparler.
    Yann.

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